Au téléphone, il m’avait dit: « On dit que je suis souvent trash parce que je ne demande pratiquement jamais leur avis aux gens avant de les prendre en photo. » Je m’imaginais donc Jim Sumkay tel un photographe-boxeur, qui shoote d’abord et s’explique ensuite — quand ça lui chante.
Dans la rue, je n’ai eu aucun mal à le reconnaître. Pourtant, il y avait du monde, ce mardi 28 mars, dans les rues de Saint-Brieuc. Plus de 20 000 personnes y défilaient pour le retrait du fumeux contrat première embauche et de la loi qui comptait l’instaurer, trompeusement nommée “sur l’égalité des chances”.
Mais au coin du boulevard Charner, il y avait ce type en imperméable, accroché à une fenêtre, en train de boxer, avec son appareil photo recouvert d’un sac plastique pour le protéger de la pluie, deux enfants qui regardaient passer le cortège.
Je me suis dit : « Ça ne peut être que lui. » J’avais avec moi mon propre appareil, chargé d’une pellicule que je comptais terminer sur cette belle manif. Un instant, je me suis imaginé aller le boxer à mon tour, le prendre à son jeu et me présenter à lui. Mais je n’ai pas osé, et je suis resté parmi les manifestants. J’ai loupé ma photo du jour, et je n’en ai pas pris d’autre : elles auraient été moins bien que celle-là. Jim Sumkay est resté en Côtes-d’Armor tout le mois d’avril, et on n’a même pas été foutus de se voir, mais il revient en mai. On peut voir ses photos du 28 mars à Saint-Brieuc ici. L’entretien qu’il m’avait accordé quelques semaines plus tôt a paru dans La Griffe du mois d’avril.
2 Commentaires
A ben zut alors ! J’aurais bien voulu voir une belle photo sur ce chouette glob.
PS: l’est mieux le nouveau dégradé.
C’est une stratégie : je fais languir mon public, qui s’ébaubira (je te jure que ça existe) d’autant mieux quand les photos apparaîtront sur le glob…